Le Caucase du Sud n’est pas épargné par l’épidémie de Covid-19. En Arménie, ce 26 mars, le pays dénombrait 290 cas et un premier décès. Mardi soir, le Premier Ministre Nikol Pachinian avait pris des mesures fortes pour ralentir la propagation du virus. Les Arméniens sont confinés pour une semaine au moins.
« La montagne me manque déjà ! » Aghvan, 27 ans, est guide touristique et partage son temps entre les sommets d’Arménie et de Géorgie, où le tourisme s’est fortement développé ces dernières années. Pour le jeune Arménien, accro aux grands espaces caucasiens, le confinement imposé ce mardi 24 mars par le gouvernement, est un coup dur. « Mais vu la situation, c’est normal que de telles mesures soient prises », reconnait-il. Aghvan se trouvait en Géorgie quand les premiers cas ont été recensés dans la région, au début du mois. « Je suis rentré en Arménie par la voie terrestre, juste avant que la frontière ne ferme, c’était déjà un vrai périple ! » raconte-t-il.
De retour dans la capitale arménienne, Aghvan s’est réfugié dans sa maison qu’il partage avec son colocataire péruvien. Le 16 mars et alors que le pays comptait déjà une trentaine de cas, Nikol Pachinian, le Premier Ministre avait décrété l’état d’urgence pour un mois, interdisant notamment les rassemblements de plus de vingt personnes. « Les gens se réunissaient malgré tout dans les parcs toujours ouverts », avait alors observé Aghvan.
Formulaire de sortie et premiers contrôles
Ce 26 mars, le pays recensait 290 personnes infectées par le Covid-19. Dans l’après-midi, un premier décès est survenu, celui d’un homme de 72 ans, fragilisé par d’autres pathologies. Fin février, les premiers cas de contamination étaient apparus après le retour d’Iran de plus de 3000 Arméniens. La frontière entre les deux pays avait alors été fermée.
Mardi soir, un confinement strict a finalement été imposé à la population arménienne. « On peut désormais sortir uniquement pour faire quelques courses essentielles ou prendre l’air autour de chez-soi », témoigne Aghvan. « Et on doit absolument avoir un formulaire de sortie ainsi qu’une pièce d’identité. » Les premiers contrôles ont été opérés par les forces de l’ordre dans les rues d’Erevan dès mercredi. « Ici, on n’a pas forcément l’habitude d’avoir des tas de papiers sur nous, c’est un réflexe difficile à prendre pour les Arméniens ! » souffle Aghvan. Le confinement est actuellement prévu pour une semaine. L’objectif est de « maintenir un contrôle sur la propagation du virus » avait annoncé Nikol Pachinian lors de son allocution.
« Cette crise sanitaire est en tout cas un coup dur pour le milieu du tourisme dans lequel je travaille et pour l’économie du pays en général », grimace Aghvan. « Il faudra remonter la pente après ça… » Un plan d’aide aux entreprises a notamment été annoncé par le gouvernement, à hauteur de 51 millions de dollars…
En attendant, le guide de montagne a au moins trouvé le moyen de s’évader. Au cœur d’Erevan, dans sa petite cour entourée d’immeubles, au pied de l’abricotier en fleurs, Aghvan a installé … sa tente ! Et improvisé un barbecue sur un feu de bois . « Voilà ce que ça donne quand je m’ennuie ! » lance-t-il finalement en riant.
Gaëlle KRAHENBUHL